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Publié par Amandine

Les complémentaires

Les complémentaires
Jen Christian Grøndalh

traduit du danois par Alain Gnaedig

Éditions Gallimard

Jens Christian Grøndahl, écrivain danois de renommée internationale, reprend dans Les complémentaires certains de ses thèmes préférés : l’intériorité d’un couple, la confusion des sentiments, l’usure du temps, le délitement des convictions. C’est tout en douceur et à pas feutrés qu’il aborde la question de l’identité individuelle et collective, des racines que l’on peut décider de rompre sans pour autant parvenir à les arracher, de la mémoire intime confrontée à celle des autres.

Les complémentaires trace le portrait d’un couple émancipé vivant à Copenhague. David Fisher est un avocat danois et juif dont « on pouvait dire qu’il était unique dans sa volonté d’être banal », cette banalité étant pour lui synonyme de liberté, ayant toujours souhaité se libérer de ses origines. Son épouse, Emma, est une peintre anglaise qui a fait le choix d’une vie de famille, trahissant ses ambitions d’artiste et laissant son pays natal derrière elle afin de suivre son mari. Ils ont une fille, jeune artiste plasticienne qui a le goût de la provocation. La présentation de son petit ami pakistanais au cours d’un dîner participera au trouble de l’apparente harmonie familiale.

Un matin, David se trouve bousculé dans ses habitudes lorsqu’il découvre une croix gammée taguée sur sa boîte aux lettres. Ce signe et le passé auquel il renvoi entraîne un basculement. Il se retrouve alors plongé dans le désarroi, en proie à une crise identitaire qu’il nie, se débattant silencieusement au milieu des questions d’appartenance alors que sa propre identité lui échappe.

C’est avec plaisir que l’on se laisse imprégner par le doute, les souvenirs, et les réflexions des personnages. Et l’on se délecte de la torpeur qui se dégage de ces pages alors que l’on assiste à la désagrégation progressive des convictions de cet homme, dont la banalité de son quotidien ne parvient pas à le protéger des remous inhérents à l’usure du temps et aux éléments du passé jamais enterrés suffisamment profondément. La minutie avec laquelle Grøndahl décrit les sentiments et leur confusion, le silence enveloppant ce huit clos psychologique et les non-dits qui s’immiscent au creux des paroles des personnages sont un vrai régal. A savourer !

Amandine T

Jens Christian Grøndhalh sera présent à la Comédie du Livre de Montpellier du 23 au 25 mai.

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